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  • Photo du rédacteurElsa Brindazur

#Thèmedumois - Décembre 2020 - Maslow démystifié

Dernière mise à jour : 25 nov. 2020

En quoi le rapport à l’animal peut jouer un rôle dans la satisfaction de l’ensemble des attentes du voyageur d’aujourd’hui.


La vie que nous menons dans nos sociétés contemporaines et citadines nous a progressivement mis à distance avec le lien naturel qu’entretient l’humanité avec le reste du règne animal. Mais ce lien, qu’il se fasse discrètement oublier pour certaines populations moins au contact de la nature, ou qu’il soit pleinement assumé pour d’autres, comme une nécessité de subsistance, un centre d’intérêt ou une passion, peut se rappeler à nous de différentes manières.


Les pandémies sont autant de cygnes verts annonciateurs de l’effondrement d’un modèle de société basé sur l’hégémonie, le contrôle et l’accaparement de l’ensemble des ressources naturelles terrestres au seul profit de l’espèce humaine. La dégradation spectaculaire des habitats naturels de la faune et de la diversité des biotopes est à l’origine de la libération de certains virus qui utilisent la faune domestiquée par l’homme ou au contact de l’homme pour se propager jusqu’à lui et l’atteindre de plein fouet. Grippe aviaire, Ebola, SARS, malaria, choléra… Les exemples à travers l’histoire récente ne manquent pas pour rappeler à l’humanité à l’humilité de sa condition.


En tant qu’humains, nous appartenons tous au règne animal.

En tant qu’humains, nous appartenons tous au règne animal, à l’embranchement des vertébrés, à la classe des mammifères, au même titre que beaucoup d’autres espèces qui composent la mosaïque de biodiversité et partagent la même planète que nous... Pourquoi renier notre appartenance à cette grande famille du vivant en perpétuant un mode de vie toxique pour le reste des espèces qui jouent chacune leur rôle dans le maintien de l’équilibre naturel de notre lieu de vie ?


Pour tous les voyageurs, le lien qui relie l’Homme avec le règne animal auquel il appartient toujours, peut pourtant être source d’une grande joie en remettant du sens dans nos voyages, et en nous reconnectant à la Nature.

Ce lien ancien, organique, a aussi le pouvoir de nous interroger sur notre relation à la planète, aux autres et à soi.


Un vecteur puissant de connaissance de soi

Le lien à l’animal est un miroir et un vecteur puissant de connaissance de soi, au travers de la mise en lumière de situations que nous vivons, de nos instincts au travers de nos réactions, et de questionnements profonds au travers des émotions qu’ils provoquent en nous ou nous renvoient.

Le rapport à l’animal peut apparaître au voyageur à bien des niveaux lors de ses voyages.

Mon rapport aux animaux a modifié mon rapport à l’alimentation. Flexitarisme, huile de palme.... A l’heure des repas, lorsque l’opportunité se présente de découvrir toute la culture d’un pays à travers la diversité de ses créations culinaires : vais-je faire le choix de manger végétarien dans un pays de culture bouddhiste ou hindouiste ? vais-je avoir la possibilité de goûter une viande de qualité issue d’animaux abattus dans le respect du bien-être animal ? vais-je déguster le produit d’une pêche du jour artisanale et vivrière, ou issue de la surexploitation des ressources halieutiques du lagon ?


A l’heure de m’endormir, vais-je vivre l’expérience exclusive d’un logement de type éco-resort intégré dans son environnement, construit selon les règles de l’éco-construction avec des ressources locales et raisonnablement exploitées ? ou vais-je plutôt opter pour un logement modeste aux normes locales chez l’habitant, pour vivre au plus près des communautés locales et connaître leurs traditions ? A moins que je ne préfère simplement un modeste hamac ou bivouaquer sous les étoiles, afin de m’immerger dans la symphonie du réveil des espèces nocturnes, au risque de me faire surprendre par un insecte ?


Au détour d’une rencontre avec le maître des lieux dans son milieu naturel, je touche l’indicible grâce de ce moment unique

Au détour d’une rencontre avec le maître des lieux dans son milieu naturel, forêt ou savane, mer chaude ou océan, félin, grand singe, éléphant ou requin baleine, je touche l’indicible grâce de ce moment unique où, humain privilégié, invité dans la demeure de l’Autre, je reçois l’infinie bonté du cadeau de sa présence. Alors je vis intensément l’instant, l’émotion qui me submerge et la puissance de l’échange inter-espèce, indicible, invisible, qui se joue dans nos regards qui se croisent et un instant, se reconnaissent mutuellement. Pourquoi cette connexion si mystérieuse ?


Mes racines

Jeune, j’habitais à la campagne dans une grande maison isolée, peuplée d’animaux. J’étais souvent seule, et pourtant je me suis toujours sentie en sécurité, parce que je me sentais protégée par la meute. Ce n’est qu’adulte que j’ai réalisé qu’ils avaient contribué à faire de moi la personne que je suis devenue. Aujourd’hui, ils m’élèvent en conscience. Dans mes voyages, la rencontre avec des animaux sauvages éveille en moi, à chaque fois, ce sentiment de sécurité : je sais toujours où les trouver, c’est comme s’ils venaient à ma rencontre pour me saluer comme l’une des leurs...


Mon éducation et mon enfance passée au contact des animaux, m’ont donné une indéfectible confiance en notre connexion. Mon appartenance à cette meute d’animaux résonne en moi comme une évidence, à chaque nouvelle rencontre : elle rend hommage à mon côté sauvage, qui me nourrit, me propulse de l’avant et me fait rayonner comme un soleil, car tout de cette énergie est en cohérence avec la personne que je suis, et j’assume cette singularité qui fait ma force.



Souvenirs de voyage

Lorsque je montre aux enfants locaux qui me pourchassent pour des bonbons ou un selfie, la photo de l’animal mythique rencontré la veille dans sa majesté, je me laisse gagner par leurs émotions. Etonnement, cris, excitation, frémissements et impatience se côtoient sur ces visages bouillonnant de vie et de spontanéité. Me voilà, l’espace d’un nouvel instant magique, devenu l’improbable héros malgré moi pour ces enfants des antipodes qui ne me connaissaient pas ce matin et qui m’imagine, moi l’occidental(e) drapé de ma cape de bravoure, partir à la conquête de la forêt comme un esprit magique pour triompher des âmes malignes qui s’y cachent.


Lors d’un interminable trajet en voiture avec ce chauffeur extraordinaire, si posé, prévenant avec moi, passionné par la culture de son pays, qui me supporte depuis maintenant 15 jours, moi et mes petites angoisses de touriste, mes errements et ma maladresse quand je rentre dans un temple à l’heure des cérémonies en ne connaissant pas les usages… Sans lui, comment aurais-je vu ce minuscule caméléon caché dans les branches, ou aurais-je seulement entendu parler de ces légendes des animaux sacrés et mythiques qui apparaissent dans les songes des chamanes pour délivrer leur message à la tribu des gardiens de la forêt ?




Lors de ce trek épuisant au cœur de la jungle tropicale, à la recherche des rares lémuriens à fourrure dorée de l’île, j’en suis à me demander si j’arriverai à tenir jusqu’à l’étape du soir alors que la fièvre et les dérangements gastriques m’assaillent… Moi qui distribue mes médicaments aux enfants dans les villages que nous traversons, alors que finalement je semble être le seul à avoir besoin ? Que ferais-je sans la main tendue de mon guide qui marche en guenilles et savates à trous, et qui me délivre avec son merveilleux sourire, une feuille écrasée dans sa main et quelques écorces à l’odeur musquée à m’administrer sur le champ pour calmer l’inflammation de mes viscères ? C’est ici que je réalise enfin ma vulnérabilité de soi-disant aventurier, déconnecté(e) de mes sensations, du fonctionnement de mon corps et des secrets de la forêt… C'est alors que j’éprouve pour la première fois depuis des années, cette incroyable sensation de joie enfantine, lorsqu’enfin je lâche prise, je renonce à l’espoir de rencontrer les animaux de la forêt, et qu’ils apparaissent enfin, jouant tranquillement dans les branches et se tordant le cou en mâchonnant quelques pousses tendres pour contempler l’imbécile qui a parcouru tant de kilomètres, malade comme un chien, pour tenter de les apercevoir.


Qui d’autre mieux que les animaux sauvages savent nous remettre naturellement à notre juste place ?

En voyage, le respect envers l’animal est une clé de sagesse encore très sous-estimée, et pourtant… Qui d’autre mieux que les animaux sauvages savent nous remettre naturellement à notre juste place, sans ego ni superficialité, juste dans la magie de l’instant ? Avec eux, faire semblant n’a aucun sens, car ils ont un accès direct à notre intériorité et sentent parfois mieux que nous, qui nous sommes vraiment. Leur courage nous ouvre à notre capacité de résilience. Leur instinct nous fait miroir de notre intuition. Leur extinction signifierait la nôtre. Aujourd’hui, un nombre croissant de protecteurs de la faune et de la planète se rassemblent et unissent leurs voix pour n’en former qu’une seule. Les animaux sauvages ont ce talent naturel de mettre en lumière notre authenticité au travers de leur animalité. Ils sont le miroir de notre âme. En ce qui me concerne, ils feront toujours partie de ma vie comme une évidence. Chaque jour, mes chiens me guident et m’enseignent à leur manière la tolérance, l’humilité, et paradoxalement la maîtrise de soi dans l’équilibre de l’affirmation…

Avant tout, les animaux m’apportent beaucoup d’amour.

Ce que Maslow m'apprend

Du haut en bas de l’échelle de la pyramide des besoins de Maslow, à chacun de mes pas de voyageur, je réalise que la rencontre avec l’animal dans son milieu naturel est l’une des apothéoses de mon voyage.


La rencontre avec l’animal dans son milieu naturel est l’une des apothéoses de mon voyage.

Mais ces instants magiques, si denses dans l’instant, me renvoient des interrogations légitimes sur ce qu’implique ma visite des lieux pour ces animaux qui parfois, peuvent être privés de leurs droits fondamentaux en étant capturés, pourchassés, tués pour la nourriture ou massacrés pour être transformés en produits de consommation ou en souvenirs !




Ou au contraire, c’est bien lorsque je contribue à la croissance d’une activité éco-touristique vertueuse et profitant aux habitants de la région que je participe à la création et au maintien d’espaces protégés, de sanctuaires animaliers qui permettent la survie de ces espèces. Et je réalise que, lorsque je prends ce temps de réflexion et que je fais ce choix en conscience en posant l’intention du respect de la nature, lorsque je fais confiance à des prestataires véritablement éthiques et impliqués dans la conservation environnementale pour m’emmener au rendez-vous de mes prises de conscience en terre inconnue… Cela n’a absolument pas de prix ! Mais comment gérer le dilemme de mon empreinte carbone lorsque je prends l’avion pour atteindre ma destination ? Devrais-je choisir la compensation carbone en soutenant des projets éco-responsables, voyager moins souvent pour réduire drastiquement mon impact, ou choisir des modes de transport alternatifs quitte à prendre plusieurs mois pour atteindre ma destination, comme au temps des caravansérails et des routes de la soie où le voyage n’était pas encore un loisir ou un produit de consommation ?

Le lien avec les animaux est un formidable accélérateur de prises de conscience.

Prise de conscience globale

Le lien avec les animaux est un formidable accélérateur de prises de conscience, tant individuelles que collectives, sur notre propre mode de vie, sur l’éthique de nos choix, sur l’impact de nos activités, sur nos modèles familiaux et nos archétypes de société, et sur l’héritage que nous laisserons in fine à nos enfants. L’évolution du monde s’accélère avec les changements climatiques dont nos enfants verront pleinement les effets, mais le niveau de conscience global est également en train de s’élever face à cette montée en puissance de l’incertitude planifiée.

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